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L'industrie du troisième millénaire

  in Bulletin de la société française de photographie , juillet 2001

 

 
   
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REVUE DE PRESSE

Donneur d'Organe
Vers un nouveau musée de la photographie à Lyon

JEUNE CHEF D'ENTREPRISE ET COLLECTIONNEUR, Thierry Ehrmann fonde le projet d'un nouveau musée d'art contemporain privé dans la deuxième ville de France. Un projet dont la réalisation paraît imminente et dans lequel la photographie tiendrait une place prépondérante.

Le projet paraît à peine croyable tant il est ambitieux. Lyon s'apprêterait à accueillir un musée d'art contemporain, entièrement privé, où la photographie occuperait une place centrale. L'Organe, c'est son nom, devrait ouvrir ses portes fin 2002 ou début 2003. C'est du moins ce qu'affirme son promoteur, Thierry Ehrmann.
Les cheveux courts, une petite natte façon " Confucius " posée entre les omoplates, un habit entièrement noir, cet homme de 39 ans a des allures de Faust. N'y cherchez pas l'artiste ou le conservateur, cette figure lyonnaise déroutante n'est qu'un chef d'entreprise, l'une des plus belles réussites locales. En moins de vingt ans, il a bâti le groupe Serveur, un ensemble de treize entreprises qui se valorise un petit milliard de francs. La plus fameuse c'est Artprice.com, le leader mondial des bases de données d'informations sur les prix du marché de l'art.
Et c'est peut-être du côté de cette jeune pousse qui collecte l'ensemble des adjudications d'objets d'art qu'il faut creuser pour percer les ambitions de Thierry Ehrmann. Bases de données, nouvelles technologies de l'information et art sont les fondements inaliénables du parcours de ce prince de la net-économie. Avec l'Organe, il espère ainsi promouvoir toutes les formes d'art issues de ces nouvelles technologies, la rencontre de l'artiste et du virtuel. Les images occuperont donc une place de choix. Dans un premier temps, il n'hésitait pas à évoquer un musée de la photo et de l'image numérique. Il préfère aujourd'hui parler d'art contemporain.
Art, artistes et objets, les mots se bousculent lorsqu'il se perd dans ses souvenirs. Thierry Ehrmann touche à tout - il a écrit un ouvrage sur la psychiatrie --, c'est un collectionneur invétéré attaché à faire partager ses passions. A plusieurs reprises, ce boulimique s'est offert des œuvres qu'il a tenu ensuite à donner au musée d'art contemporain de sa ville. Via Artprice, c'est également l'un des principaux partenaires privés de la Biennale de la capitale des Gaulles.
L'Organe se place comme une nouvelle étape de cet engagement. Et de loin la plus ambitieuse. Car derrière la promotion d'œuvres artistiques, Thierry Ehrmann espère également démontrer que l'on peut gérer un musée autrement. " Un musée doit avoir les moyens financiers d'acheter ce qu'il y a de mieux dans tel ou tel domaine pour l'offrir au public. Sans argent, il se contente d'œuvres mineures. Des millions de francs sont souvent nécessaires pour que ces institutions s'offrent des pièces d'exception. La même contrainte pèsera sur l'Organe. Alors nous innoverons et nous n'hésiterons pas à vendre certaines œuvres pour en acheter d'autres de première importance, comme le font certaines institutions américaines ", assène le promoteur du projet.
Il réfléchit également au développement d'une cellule de recherche scientifique au sein du musée commercialisant ses travaux. Il parie également sur l'exploitation de droits d'image et de bases de données. L'Organe devrait ainsi commander des œuvres à des artistes qui seront ensuite exposées. Et certaines seront ensuite acquises par le musée pour constituer le fonds. Après trois ans, Thierry Ehrmann estime pouvoir arriver à l'équilibre d'exploitation…
D'ici là, il faudra faire sortir de terre cet ambitieux projet. Le musée devrait être construit sur les bords de la Saône dans le neuvième, l'arrondissement de Gérard Collomb, le nouveau maire qui voit d'un œil bienveillant ce projet. " L'enveloppe extérieure de ce lieu devrait être sobre. C'est le cœur de l'Organe qui pourrait surprendre " , laisse entendre le président du groupe Serveur. L'un des défis consistera à matérialiser le " Réseau des Réseaux ". Il est d'ores et déjà prévu que l'architecte du bâtiment collabore avec " l'architecte des réseaux ".
Coté financement, Thierry Ehrmann qui n'attend, ni ne souhaite d'aides publiques, investira 95 millions de francs dans sa " petite folie ". Et d'autres partenaires privés pourraient rapidement s'associer. Rendez-vous dans une vingtaine de mois.

Jacques-Olivier MARTIN
copyright ©2001 Société française de photographie